Le vignoble
Lorsque l’on dit « Moselle », on ne pense a priori pas forcément « vignes ». Et pourtant, l’histoire du département est intimement liée à la viticulture, bien qu’une succession d’événements aient diminué son importance au fil des siècles. La reconquête de la viticulture mosellane est un challenge, la volonté d’hommes et de femmes qui œuvrent ensemble pour la renaissance des vins de Moselle.
La géologie et le climat mosellan
Tout d’abord, mentionnons que la géologie de la Moselle est propice à cette culture. Le vignoble de l'AOC Moselle se situe sur la bordure nord-est du bassin parisien, en région lorraine, sur des roches sédimentaires constituées de calcaires, de grès et de marnes de l'ère secondaire, allant du Jurassique au Trias. Le relief de côtes orienté nord/sud, drainé par la Moselle, y forme une cuesta typique. Les expositions préférentielles sud/sud-est et l'effet de pente de la côte où sont implantées les vignes favorisent leur ensoleillement. Le cœur de terroir défini par l'INAO se situe dans les éboulis calcaires répandus sur les terrasses fluviatiles, replats formés par le creusement de la rivière lors des déglaciations successives.
Signalons d'autres terroirs particuliers : les dépôts de galets et sables vosgiens et les marnes (riches argiles carbonatées).
Le climat est un élément très intéressant : à la fois continental et océanique, il accuse des contrastes thermiques importants entre les saisons. Les parcelles sont bien exposées, aérées. La pente des coteaux viticoles assure un drainage naturel optimal, garanti également par la présence, souvent abondante, d’éléments grossiers présents dans les sols, qui permettent une régulation hydrique naturelle de la vigne. Le sous-sol marneux fournit la réserve en eau, et la pierrosité des sols assure le ressuyage et l’infiltration de l’eau excédentaire des périodes humides. La pluviométrie relativement faible (700mm/an) et l’ensoleillement, réduit mais concentré grâce à une exposition intéressante, font de la Moselle une région qui appelle à la plantation, et ce depuis l’époque romaine !
Histoire de la vigne en Lorraine
Nos ancêtres ont profité de ces conditions favorables : en 1830, époque on ne peut plus prospère, 40 000 hectares de vignes étaient répartis sur le territoire lorrain ! Au début du XXème siècle, on compte environ 6 000 hectares de vignes en Moselle. On plantait beaucoup de vignes autour des villes (comme Plantières, Devant-les-Ponts), ces dernières servaient notamment de remparts pendant les guerres, ralentissant la progression des chevaux.
Hélas, le déclin des vignes est engagé dès le début du XXe siècle. Les causes : le phylloxera, un insecte piqueur qui fait alors de grands dégâts. Ce puceron vit, sous forme de gale, sur les feuilles de vigne, puis, prenant une forme souterraine, il s'en prend aux racines et provoque la mort des souches en quelques années. Se rajoutent des événements historiques comme les guerres bien sûr (annexion allemande, guerres mondiales), mais aussi le développement de l’industrie, entraînant un exode rural. Les vignes restantes se retrouvent à l’abandon. Elles seront pour la plupart progressivement remplacées par des fruitiers comme des mirabelliers, poiriers, pommiers et fraisiers. Ainsi, il ne reste plus que 1500 hectares en 1935. Le vignoble mosellan obtient le classement en appellation d’origine vin délimité de qualité supérieure (AOVDQS) en 1951. Malgré cela le déclin se poursuit et en 1970, on ne compte plus que 2 à 3 hectares en production. Il faudra attendre les années 80 pour voir apparaître une nouvelle génération de vignerons passionnés, qui vont progressivement reconquérir les coteaux jadis plantés. Au prix d’un travail acharné, le vignoble renait enfin.
Création de l’AOC Moselle
Dans ce processus de reconstruction, l’obtention de l’AOC a été une étape clé, une manière de redonner ses lettres de noblesse au vin de Moselle.
Les « Vins de Moselle » sont reconnus en AOVDQS par arrêté du 9 août 1951, puis sous le nom de « Moselle » par arrêté du 13 avril 1995.
En 2006, le syndicat des viticulteurs de Moselle, avec le soutien sans faille du Conseil Départemental et de la Chambre d’Agriculture, dépose un dossier de demande d’accession en AOC afin de faire reconnaître les progrès qualitatifs enregistrés au cours des dernières décennies.
Le 16 novembre 2010, l’INAO reconnaît l’appellation d’origine contrôlée (AOC) « Moselle ». Cette nouvelle étape est le fruit de l’implication du Département de la Moselle et des viticulteurs dans une production de qualité, reconnue pour son originalité.
Un Organisme de Défense et de Gestion (ODG) est alors créé dans le but de regrouper les différents vignerons produisant de l’AOC Moselle et de gérer sa production.
C’est par le décret du 14 novembre 2011 que l’AOC Moselle entre officiellement en vigueur, ce qui en fait l’une des plus jeunes AOC de France. C’est aussi l’une des appellations françaises les plus petites, avec 75 hectares en production, mais c’est certainement l’une des plus dynamiques en termes de croissance. Son potentiel d’extension s’élève en effet à 670 hectares de terres classées en AOC sur les 18 communes de l’aire géographique approuvée par l’INAO.
Le cahier des charges
Cette AOC se définit notamment par un cahier des charges des plus exigeants dont les cépages principaux sont : l’auxerrois, le müller-thurgau, le pinot gris et le pinot noir. Les cépages accessoires, autorisés en assemblage, sont : le gewurztraminer, le pinot blanc, le riesling et le gamay.
Afin de conserver une harmonie entre les vins, la culture des vignes et l’élaboration des vins sont également strictement règlementées et contrôlées, comme par exemple la taille, le palissage, la plantation, mais aussi la vinification ou le conditionnement. On note également un contrôle du taux de sucre, du type de cépage, des proportions de ces différents cépages dans les assemblages utilisés.
Pour garantir la typicité des vins de Moselle, des commissions de dégustation se tiennent plusieurs fois par an, avec présentation d’échantillons pour chaque vigneron. Dans ce jury se retrouvent des vignerons, des œnologues ou encore des personnes de la société civile, comme des cavistes, des restaurateurs, des sommeliers.
Aujourd’hui, la majorité des vignes de l’AOC Moselle (60%) sont travaillées selon les critères d’une agriculture biologique dans une démarche écologique et environnementale s’inscrivant pleinement dans l’air du temps.
La vallée de la Moselle, reliant différents vignobles français, allemands et luxembourgeois permet naturellement à l’AOC Moselle de coopérer avec les différents pays, notamment dans le cadre du Projet « Terroir Moselle »
Ainsi l’AOC Moselle est le garant de vins de qualité produits sur un terroir unique par des hommes passionnés et désireux de révéler ensemble l’excellence mosellane.
75 ha
de vignes plantées
678 ha
de terres classées en AOC
60%
de blanc
30%
de rouge
10%
de rosé
46 km
de route des vins